SANTE & SECURITE AU TRAVAIL
LE STRESS, LA SOUFFRANCE & LE HARCELEMENT AU TRAVAIL

M. Aristide Tino Adédiran
Membre du Bureau Exécutif du CNP

« Ne pas confondre stress, souffrance et harcèlement au travail à cette exigence de résultats et d’objectifs de performance à atteindre dans l’Entreprise »

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Il est important pour le CNP d’apprécier ensemble les apports d’une bonne pratique de la gestion du Stress, de la Souffrance et du Harcèlement en milieu professionnel. Bonne pratique qui, je précise, interpelle aussi bien le Chef d’entreprise, le Directeur des Ressources Humaines, le Médecin d’entreprise, les Délégués du Personnel, les Salariés de l’entreprise, ainsi que l’Administration du Travail.

Bonne pratique aussi qui permet, je souligne, à toute Entreprise d’atteindre ses objectifs de croissance ou de restructuration par une meilleure compréhension et analyse des relations interprofessionnelles.

Nous précisons aussi, car il le faut, que le Stress, la Souffrance et le Harcèlement au travail ne doivent pas être confondus avec « la pression aux résultats et aux objectifs de performance à atteindre dans l’Entreprise ». Et qu’en conséquence, il est important de comprendre ces notions, de les prévenir et autant que possible de les sanctionner.

C’est Vrai, dans l’Entreprise, le Chef d’entreprise est toujours le garant de la sécurité et de la santé au travail. Il est de son devoir d’agir rapidement et efficacement pour que de tels faits ne se produisent. Mais le Chef d’Entreprise ne peut agir seul... Il appartient à

l’ensemble du personnel de veiller et de refuser toute dégradation des conditions de travail.

Oui, j’entends déjà mes Chers Partenaires Syndicats de Travailleurs me dire : « encore faudrait-il qu’il ne soit pas l’auteur de ces actes »... Vous avez raison cela devient plus compliqué...Mais pas acceptable pour autant... C’est pourquoi la « Gestion Mentale » en entreprise est cette démarche collective que vous propose le CNP. Elle consiste à réduire les risques psychosociaux dans les entreprises en agissant sur l’organisation et les conditions de travail, ainsi que sur les relations sociales interprofessionnelles.

Il est par ailleurs important de différencier le harcèlement moral du stress, de l’agression ponctuelle ou des conditions de travail dans les entreprises. Le harcèlement moral comporte des caractéristiques bien précises :

1. Les attaques sont répétitives, individualisées, et portent le plus souvent sur l’intimité.

2. Le « Harceleur » ne dit généralement pas à sa victime ce qu’il lui reproche.

3. N’importe qui peut en être victime un jour, quelle que soit sa personnalité et ses

compétences.

Docteur Abdéramane KONÉ Conseil-Formateur/Sciences Santé au Travail

 

« Le travail est à l'origine de pathologies psychiques et le mal-être au travail existe bien. »

Nous assistons de plus en plus à une transformation du monde du travail avec le développement de la globalisation, de la financiarisation, des nouvelles technologies, des « cols bleus ou blancs » à l’emploi de services, de la flexibilité et le travail atypique, des emplois aussi bien multiples, temporaires qu’à temps partiel, de la féminisation des emplois, du travail des jeunes, des travailleurs autonomes, de la pression du temps, de la massification PME des et des TPE, de la sous-traitance, de l’économie sociale, du vieillissement des populations actives, et des Migrations 3D (travaux difficiles, dangereux et dégradants).

Qui dit nouveau contexte, souligne de nouveaux enjeux, avec des manifestations de risques qui sont :

1. Les atteintes directes à l’intégrité physiques par les risques physiques, chimiques, biologiques, ergonomiques et psychosociaux (Accidents et Maladies).

2. La grande sollicitation des hommes et femmes dans le travail à l’échelle individuelle (Fatigue) et à l’échelle collective (Dépendance du rythme de la machine).

3. Les atteintes à la dignité et à l’estime de soi liées d’une part, à la tension due à l’urgence permanente inscrite dans le quotidien du travail et l’absence de marge de manœuvre, d’autre part à la précarisation et à l’insécurité qui l’accompagne.

Il faut rappeler par ailleurs que le travail décent, ce concept de l’OIT conformément à ses principes fondamentaux du travail, nous renvoie au libre choix, à la protection sociale, aux normes de travail, au dialogue Social et aux droits de Négociation. Le travail est décent, « si seulement si » : Sécurité de l’emploi - Conditions saines, sûres et salubres- Liberté de Choix - Salaire satisfaisant (« suffisant »).

Le travail est à l'origine de pathologies psychiques et le mal-être au travail existe bien. Selon le Bureau international du travail (BIT) ou l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le 1er danger pour la santé au travail est aujourd’hui le stress. On observe aujourd’hui un accroissement considérable des dépressions et autres maladies dues au stress au travail, qui provoquent désormais plus de 50% des arrêts de travail ; et aussi de plus en plus de suicides sur le lieu de travail.

En France, il y a désormais environ 1 suicide par jour directement lié à la souffrance au travail. Chacun de nous peut être confronté, personnellement ou dans son entourage, à un cas de souffrance extrême au travail. Même avec bonne volonté, on ne parvient pas toujours à détecter l’ampleur du problème, et on ne sait pas toujours comment réagir de façon appropriée.

Les pays développés comme ceux en développement portent depuis quelque temps un intérêt accru à l’incidence des facteurs psychosociaux sur le lieu de travail. Ils touchent tous les pays, toutes les professions et tous les travailleurs et travailleuses. Il est également admis que ces facteurs influencent de manière significative la santé des travailleurs, leurs performances et l’absentéisme. La rapidité de la mondialisation (globalisation) et les progrès technologiques ont transformé le monde du travail, entraînant l’émergence de risques de nature psychosociale.

Ce qu’il faut préciser d’emblée, c’est que le problème se pose en termes de définitions des pathologies psychiques liées au travail. Concernant le burnout, le concept est né de l'environnement social et non médical. Comme l'Académie de Médecine l'a rappelé dans son rapport paru en février 2016, le burnout ne peut être considéré comme une maladie. Il se pose la question des dysfonctionnements organisationnels. L'entreprise se fixe aujourd'hui des objectifs d'évolution, mais sans changer de modèle d'organisation. Pourtant, on n’a jamais autant parlé d’organisation du travail qu’aujourd’hui ! Il paraît important et urgent de créer un langage commun entre les entreprises et la médecine du travail, entre les enjeux de bien-être et les risques psychosociaux (RPS). Une mise en commun des compétences est nécessaire.

Un tour d’horizon des maladies professionnelles contemporaines les plus fréquentes nous permet de constater deux catégories d’affections professionnelles :

Maladies physiques liées aux conditions de travail ;
Maladies psychiques liées à l’organisation du travail (des pathologies de

surcharge, des pathologies de la solitude).

Concernant les maladies physiques et conditions et milieu de Travail : Par condition de travail on entend les conditions physiques (bruit, vibration etc.), chimiques (vapeurs, gaz, l’amiante, etc.), biologiques (risque de contamination, etc.), ergonomiques qui impactent le corps.

Pour les pathologies mentales et l’organisation du travail, le fonctionnement mental est spécifiquement visé par l’organisation du travail. Les maladies de surcharge professionnelle sont des pathologies centrées par un processus psychique. Les pathologies post-traumatiques en lien avec toutes les formes d’agression, en rapport avec les violences dont les personnels sont victimes avec les clients, les usagers, dans l’exercice de leur fonction. Les violences en interne concernent les pathologies du harcèlement.

Les tentatives de suicide et suicides jusque sur les lieux de travail sont apparus depuis une dizaine d’années. Quelque chose à travers ces suicides vient marquer une rupture à l’intérieure du monde du travail, principalement à l’intérieur du lien social qui, en milieu africain est certes une charge mais constitue une « béquille ». Les recherches montrent l’intérêt du travail collectif sous forme de collaboration, coopération, coordination, communication et de conflit pour faire face aux contraintes et aux souffrances professionnelles.

Approche socioculturelle de la santé mentale au Sénégal Apport du Pr Henri COLLOMB

- La maladie mentale = maladie sociale.
- La maladie est un fait social, son traitement ne peut être que social. -
La place centrale de l’agression, humaine ou spirituelle.
-
Un déplacement de la société vers l’individu.

« L’école de Dakar »
Le système « Tuur – Rab »

- Le système « sorcellerie Anthropophagie ».
-
Le mauvais œil, la mauvaise langue.
- Autres systèmes : Système NitKuBon / Le Meret / Maraboutage ou « liguei »/ Intervention des Djinné et des Seytané

La souffrance au travail est une souffrance psychologique extrême généralement due à des relations difficiles avec sa hiérarchie ou ses collègues, à un sentiment d’isolement, à une perte de confiance en soi et en ses capacités, à une forte anxiété (par exemple face à des changements réels ou supposés, etc.). La souffrance peut affecter des personnes confrontées à une surcharge de travail, réelle ou perçue (l’angoisse de ne pas pouvoir faire face), mais aussi confrontées à une sous-charge (sentiment d’être inutile).

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Les risques psycho sociaux (RPS) évoquent diverses situations de mal être, de ressenti négatif par rapport au travail. Ils sont :

  • -  situés à l'intersection des dimensions individuelles (personnelles), collectives, relationnelles, liées à l'activité de travail (frontière « poreuse » entre le personnel et le professionnel à respecter, secret médical / psycho à respecter) ;

  • -  subjectifs relevant de la perception propre à chaque individu ;

  • -  plurifactoriels (organisation, relations travail, facteurs personnels, etc.)

  • -  complexes car il est parfois difficile de faire la part des choses entre les éléments

    personnels nous touchant de près et ce qui peut se jouer sur le plan relationnel

    ou structurel au travail

  • -  variables dans le temps (RPS = situation donnée à un moment donné).

    Le stress né de l’écart entre la demande de l’environnement et les ressources disponibles de l’individu. Il est défini comme un déséquilibre entre les demandes de l’environnement et les ressources de la personne. L’individu fait une évaluation primaire de la situation ou de la demande à laquelle il est confronté.

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L’épuisement professionnel « burnout », découlerait d’une relation malsaine d’un individu face à son travail. La personne a investi trop d’énergie dans son travail au détriment de sa vie privée, tout en retirant de moins de satisfaction. Ce RPS a été

longtemps considéré comme un risque inhérent aux métiers médicaux, puis à l’ensemble des professionnels d’aide à la personne. Aujourd’hui la généralisation est admise on peut être « burnouté » ans être une sage-femme ou un assistant social.

Par violence au travail, on pense ordinairement que la violence est strictement une question d'agression physique, mais cette question revêt un aspect beaucoup plus étendu en milieu de travail. La violence est le fait de susciter une crainte excessive et injustifiée. Il faut alors considérer qu'il y a violence dans tous les cas où une personne se sent maltraitée, menacée, intimidée ou agressée dans le contexte de son travail : menaces orales ou écrites (toute expression d'une intention d'infliger du mal), comportements visant à abaisser une personne (humiliation, gêne, inquiétude, injure par des mots et des gestes, intimidation, contrainte à d’autres activités inappropriées, etc.).

Par harcèlement, il faut entendre toute conduite abusive se manifestant notamment par des comportements, des paroles, des actes, des gestes, des écrits unilatéraux, de nature à porter atteinte à la personnalité, à la dignité ou à l’intégrité physique ou psychique d’une personne et mettre en péril son emploi ou dégrader le climat de travail « Heinz Layman ».

Toute conduite abusive, geste, parole, comportement, attitude qui portent atteinte par sa répétition et sa systématisation, à la dignité ou à l’intégrité psychique ou physique d’une personne « MF Hirigoyen ».

Pour être qualifié de harcèlement, le comportement doit être de façon répétée, pendant une longue période, sans atteinte physique et avec un effet humiliant sur la personne harcelée.

Le harcèlement moral se distingue du stress, des conflits de travail, des agressions ponctuelles, de la violence au travail. Le harcèlement individuel par une personnalité obsessionnelle ou perverse est fait dans un but gratuit de destruction d’autrui et de valorisation de son propre pouvoir. Le harcèlement professionnel ou organisationnel et institutionnel est organisé à l’encontre d’un ou plusieurs salariés précisément désignés, destiné parfois à contourner les procédures de licenciement.

Techniques de harcéement

Relationnelles : la relation du pouvoir.
D’isolement du salarié : désaffiliation au groupe d’appartenance (« frigo »). Persécutives : surveillance des faits et gestes.
Attaque du geste du travail : perte du sens du travail.
Déqualification du poste : mise en scène de la disparition.
Surcharge du poste de travail : reddition émotionnelle par hyperactivité. Techniques punitives : mettre le salarié en position de justification. Individualisation de la responsabilité.

Conséquences pour les victimes

1ÈRE PHASE : PHASE D’ALERTE : Silencieuse : « Tenir » Asthénie

Troubles de l’humeur
Troubles du sommeil
Aggravation de pathologies préexistantes Consommation de substances psychotropes

2ème PHASE : La névrose traumatique
Intensification des symptômes : Angoisse au travail Physiques / Métaboliques
Troubles du Sommeil : le cauchemar Intrusif

3ème PHASE : La décompensation structurelle : Dépression

Bouffée délirante aiguë Paranoïa

Conséquences pour l’entreprise

. Effet sur le climat et l’environnement de travail . Rumeurs
. Diminution de la qualité du travail
. Absentéisme

Augmentation des charges

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